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Des mots, à l'infini
4 décembre 2021

Calendrier de l'Avent - Jour 4

Une petite histoire de Noël...

C’est le matin de Noël.
On a fait une bringue de ouf, hier, avec les potes.
On avait placé les mioches sous la surveillance de belle-maman et on est partis, ma cousine Lise, mon mari Jipé et moi, sapés comme des rois, réveillonner chez Delphine et Marinus.
Toute la bande était là. Ça faisait des mois qu’on ne s’était pas retrouvés tous ensemble. On s’est lâchés. La soirée, la nuit, ont passé à une vitesse folle.
On est rentrés à pas d’heure, tout guillerets, mais complètement à côté de nos pompes. On avait trop mangé, trop bu, trop ri, trop dansé, trop veillé… On n’avait plus qu’une envie, se coucher et ronfler peinards jusqu’au lendemain. Enfin, comme on était déjà le lendemain, au moins jusqu’au soir…
Pendant tout le trajet du retour, Jipé n’arrêtait pas de marmonner « Dans ma poche… dans ma poche… », d’une voix pâteuse, et Lise et moi, qui nous tenions de chaque côté, accrochées à ses bras, pour l’aider à marcher droit, nous rigolions comme des bécasses en précédant ses phrases de questions plus idiotes les unes que les autre : « Où est ta tête ?... Où trouve-t-on des millions ?... Où as-tu garé ta voiture ?... Où rêves-tu de partir en vacances ?... Où sont passées mes jeunes années ?... « Et à chaque fois qu’il répétait « Dans ma poche », on éclatait de rire. On a traversé toute la ville comme ça, bête à trois têtes et à six pattes, zigzaguant d’un trottoir à l’autre, en hurlant de rire dans la nuit glacée.
Arrivés devant la porte de l’appartement, Lise a eu une soudaine lueur de lucidité : « Merde, où sont les clés ? » Et voilà mon Jipé qui lui répond le plus sérieusement du monde, de sa voix éraillée par l’alcool et la fatigue : « Dans ma poche, je te dis » Inutile de préciser qu’on a fait une entrée tonitruante et qu’on a réveillé belle-maman. Elle nous faisait de grands gestes avec les bras : « Chuuuuuut !!! Vous allez réveiller les enfants » Elle a fini par nous pousser vers la cuisine, où elle a mis la cafetière en marche. Il était sept heures du matin et elle espérait sans doute qu’après avoir bu son café calaminé, on n’aurait plus envie d’aller dormir. Mais Jipé avait réussi à passer à travers les mailles du filet et on l’entendait déjà ronfler, du lit où il s’était écroulé tout habillé. Lise et moi nous apprêtions à faire de même quand la mère supérieure nous a arrêtées : on n’avait pas mis les cadeaux pour les gosses au pied du sapin. C’est sûr qu’à quatre et cinq ans, ils n’auraient pas compris, ces petits morpions, que le Père-Noël les ait oubliés alors qu’ils faisaient maladroitement leur lit depuis une semaine pour tenter de le convaincre qu’ils étaient des enfants sages.
Nous voilà donc parties, Lise, la matrone et moi, à fouiller les placards pour chercher les cadeaux discrètement infiltrés par Jipé quelques jours plus tôt. Mais point de paquets, les placards n’offraient que leur contenu habituel. Finie la rigolade, on commençait à sentir monter l’angoisse.
J’essayais de réveiller Jipé, je le secouais, je le tirais par les bras et par les pieds mais pas moyen d’en tirer quoi que ce soit : « Jipé, où sont les jouets ? » mais il marmonnait « Mes pieds… » de la même façon qu’il avait répété « Dans ma poche » quelques heures auparavant. Lise et sa mère s’y étaient mises aussi : « Allez, bouge-toi ! Où tu les as planqués, ces jouets ? Ils ne sont pas dans la voiture, quand même ! » Et mon Jipé qui se retourne en râlant « Mmmm… à mes pieds… » On a fini par regarder ses pieds : il avait gardé ses chaussures. Bon, ben on lui a enlevé ses chaussures. On s’est dit qu’en étant gentilles, il ferait un effort. Mais non, il continuait de grommeler en nous tournant le dos. Ça a duré de longues minutes, de très longues minutes… jusqu’à ce que Lise regarde sous le lit. Effectivement, les cadeaux étaient bien à ses pieds… sous le lit !
C’est le matin de Noël, les mioches sautent de joie en ouvrant leurs cadeaux si gentiment déposés par le Père-Noël, qu’ils sont trop déçus d’avoir manqué, et moi, je vais pouvoir aller me coucher, maintenant que Noël est sauvé.

Peut être une image de intérieur
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