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Des mots, à l'infini
10 août 2022

Les villes invisibles (Italo CALVINO)

En imaginant les échanges qu'auraient pu avoir Marco Polo et Kubilaï Khan, le narrateur nous fait part, non sans poésie, de sa vision dystopique de l'humanité. Chaque ville fantasmée livre tour à tour ses merveilleux sortilèges, ses épouvantables secrets, ses étranges rituels ou ses dramatiques blessures. Calvino nous confronte à l'inanité de la vie, l'inéluctabilité de la mort, l'impuissance de l'homme face à son destin dans un style hypnotique, hallucinant, auquel il est à la fois tentant et impossible d'échapper. Ce récit, à la fois onirique, clairvoyant et déprimant est tellement évocateur que c'en est dérangeant.
J'ai beaucoup aimé le début, les premières villes étaient décrites avec douceur, poésie, optimisme. Mais plus on avance dans le texte, plus se révèlent la noirceur et la désolante obcénité de la vie. C'est beaucoup trop trivial pour moi, malgré le lyrisme, toujours prégnant, de Calvino.

Extraits :

"Ce matin-là, à Dorothée, je compris qu'il n'y avait rien de la vie qui ne m'attendît. Dans la suite des années, mes yeux sont retournés contempler les étendues désertiques et les pistes des caravanes ; mais maintenant, je sais qu'il ne s'agit là que de l'une des si nombreuses voies qui s'ouvraient ce matin-là devant moi, à Dorothée."


Zobéïde : "Cette ville sans grâce, cette souricière."

Zaïre : "La ville ne dit pas son passé, elle le possède."

Zora : "Immobile, Zora languit, s'est défaite, a disparu."

Zemrude : "C'est selon l'humeur de celui qui la regarde que Zemrude prend sa forme."

Despina : "La ville des confins, entre deux déserts."

Baucis : "Ils l'aiment telle qu'elle était avant eux [...], y contemplent fascinés leur propre absence."

Chloé : "Une vibration luxurieuse traverse continûment Chloé, la plus chaste des villes." 

Pirra : "Vint le jour où mes voyages me conduisirent à Pirra. À peine y avais-je mis les pieds que tout ce que j'imaginais était oublié ; Pirra était devenue ce qu'est Pirra."

Angie : "Ce qui rend Angie différente des autres villes, c'est qu'elle a de la terre à la place de l'air [...] l'humidité défait les corps et ne leur laisse que peu de forces ; ils doivent rester immobliles et allongés, d'ailleurs il fait noir."

20220810_102317[1]

Le texte de la toute première ville :

20220811_100348[1]

L
e dernier paragraphe, sur lequel se referme l'ouvrage :

20220811_100606[1]

 Gallimard, 2013 - 200 pages - Folio pour la version poche.

 

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Des mots, à l'infini
  • Vous trouverez ici le même capharnaüm que dans ma tête et dans mon cœur : des petits textes, des pensées fugitives, des avis sur mes lectures, des phrases qui m'ont touchée au fil de mes lectures, des chansons... et les bons jours, un peu d'humour.
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